lundi 4 mars 2024

Création de la série CHAMANS

Comment ai-je inventé la série CHAMANS ?

J’ai l’avantage (ou l’inconvénient) d’avoir un sommeil entrecoupé de longues périodes d’éveil, ce qui me laisse beaucoup de temps pour des réflexions nocturnes sur mon exercice professionnel et ma vie de tous les jours. Les problèmes qui se résolvent parfois pendant le sommeil normal trouvent aussi des solutions pendant ce demi-éveil. Afin de ne pas trop me concentrer sur des problématiques concrètes, je laisse mon esprit divaguer, j’invente des histoires qui m’occupent l’esprit pendant ces moments de liberté offerts par des nuits écourtées de sommeil. Naturellement, le monde onirique devient un choix de prédilection, entouré de mystères dès l’apparition de l’homme sur Terre. En effet, depuis des temps immémoriaux le rêve est un sujet de légendes, de mythologie, de superstitions, d’études, d’analyses, pour tous les peuples de la Terre. En m’informant sur le rêve, j’ai découvert les travaux du neurobiologiste Michel Jouvet, centrés sur le sommeil paradoxal. J’y voyais là un monde inexploré propice à des œuvres de fiction, l’exploration par un individu des rêves des autres. En constatant que l’histoire de la découverte des premiers psychotropes était due au hasard (1949, John Frederick Joseph Cade ; 1952, Henri LABORIT), je réalisais que le hasard pouvait aussi favoriser la découverte d’un moyen d’observer les rêves d’autrui. Ainsi, je tenais ma première piste pour élaborer le récit qui mènera au tome « CHAMANS - Rêve d’absolu ». Pour préparer ce roman, j’ai analysé différentes données sur le sommeil, ainsi que le déroulement de mes nuits. Au sortir d’un rêve, je tentais de me rappeler son contenu, aussi loin que possible, mais je constatais combien la mémoire onirique est volatile.  D’autres travaux ont retenu mon attention, en particulier ceux de Léon d'Hervey de Saint-Denys et de Stephen LaBerge sur le rêve lucide. J’expérimentais alors le rêve éveillé, que je trouvais épuisant puisque j’étais déjà en manque de sommeil.
Par deux fois, j’ai été confronté à une situation stressante : se réveiller mais être incapable de bouger, ni de parler, avec une douleur ponctuelle sur le flanc. Ce moment passe très vite, la douleur disparaît simultanément avec le retour des capacités motrices. Ce phénomène fut un point important que j’utilisais pour mon récit, car l’exploration des rêves devait présenter un danger pour le héros de l’histoire. L’utilisation de psychotropes et d’un équipement technique pour s’insinuer dans le rêve d’une autre personne aurait potentiellement un impact désastreux pour l’observateur : l’alternance des connexions motrices serait modifiée, le corps serait inerte en période d’éveil mais il suivrait tous les mouvements induits pendant le sommeil paradoxal.
Ainsi, j’avais mes deux éléments de base physiologiques crédibilisant le roman, le voyage onirique et son danger, je pouvais inventer la trame romancière de « CHAMANS - Rêve d’absolu ». La toile de fond de cette histoire m’est venue de façon assez curieuse, puisque je l’ai imaginée après la lecture du poème « le corbeau » d’Edgar Allan Poe. Je trouvais dans ce poème de nombreux éléments qui m’intéressaient : l’amour infini, le chagrin insurmontable, le mystère, l’oubli, la folie.
Pour le second roman « Pilleurs d’âmes », le processus de création fut plus complexe. Plutôt que m’éparpiller dans des récits où il me fallait à chaque fois réinventer héros et espaces, je décidais d’établir un domaine où mon imagination pourrait s’épancher sans limites. J’avais l’ambition de donner naissance à une série, telle une bombe emplie de vie qui éparpillerait en explosant son contenu dans un espace où les fragments de vie trouveraient un terroir pour se développer, stagner, ou dépérir. Ces parcelles animées pourraient croître de façon autonome, se regrouper, ou exploiter l’histoire de leurs origines. Les morceaux d’univers créés par les débris de ma « bombe » pourraient eux-mêmes être la source d’une génération spontanée.
Pour établir une série digne de ce nom, je devais jeter des bases solides pour toutes les histoires qui pourraient être conçues autour d’un roman de référence. Je décidais de rester sur le sujet de l’exploration des rêves des êtres humains, que j’avais déjà traité dans le précédent récit. C’est ainsi qu’est né le tome « CHAMANS - Pilleurs d’âmes » qui pose les personnages principaux, les Grands Chamans, et décrit les mondes oniriques dans lesquels ceux-ci ont évolué, évoluent, et évolueront.
Pour les besoins du récit, l’exploration des rêves devait pouvoir être reproduite de façon quasi scientifique. A cette fin, les protagonistes du roman inventent un équipement pour observer les rêves à volonté. Mais celui-ci devait avoir quelques défauts, évidemment… Le premier porte sur les difficultés des utilisateurs à cerner la réalité de leur découverte et de leurs actions à cause de l’utilisation de psychotropes, en plus des risques d’addiction aux drogues. Le deuxième concerne un effet secondaire, un dommage collatéral dû au concept de la machine qui peut induire des modifications dans le cerveau de l’observateur du rêve
L’histoire développée dans ce second récit a grandement sollicité mon imagination afin d’inventer les mondes oniriques, les protagonistes, et d’intégrer un maximum de crédibilité. Pour le contenu, je me suis appuyé sur la mythologie, les religions et les légendes, en ajoutant les avancées scientifiques sur la connaissance du sommeil. La vraisemblance de cette création, je pense l’avoir obtenue grâce à la cohérence et l’imbrication des lieux où les personnages évoluent, complétées de l’association de leurs actes.
L’imagination et les recherches sur le chamanisme ont fait le reste...

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